Comment ne pas se faire piéger par la désinformation et les trolls ?

Comment ne pas se faire piéger par la désinformation ?

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Illustration d'un utilisateur vérifiant ses sources en ligne

Dans le vaste monde numérique actuel, où la connaissance voyage avec une liberté et une rapidité sans précédent, le risque de se laisser séduire par des informations fausses ou manipulées est plus élevé que jamais. Que ce soit en naviguant sur Internet, en explorant les réseaux sociaux ou en consommant du contenu via les médias traditionnels, il est essentiel de cultiver une approche critique pour distinguer le vrai du faux. Cet article propose des outils et des méthodes pour vérifier l'information et lutter efficacement contre la désinformation.

🖼 Comprendre le paysage numérique

La première étape pour éviter les pièges de la désinformation et des trolls consiste à comprendre l'environnement dans lequel ces phénomènes prospèrent. L'avènement d'Internet et la prolifération des plateformes en ligne ont radicalement transformé la production, le partage et la consommation d'informations, avec des répercussions majeures sur la politique, la société et l'éducation à travers le globe. Des acteurs malintentionnés exploitent ces outils numériques pour manipuler l'opinion publique, souvent pour des objectifs politiques ou économiques, en tirant parti des algorithmes des plateformes pour maximiser la portée de contenus faux ou trompeurs.

La recherche scientifique a d'ailleurs démontré un fait surprenant : sur Twitter, une information authentique prend six fois plus de temps à atteindre 1500 utilisateurs comparée à une fausse information qui se propage donc plus vite et touche un plus large public.  C'est ce qui a été révélé par une étude de trois chercheurs du MIT, publiée dans la revue Science le 8 mars. Sinan Aral, l'un des co-auteurs de cette recherche, a exprimé son étonnement à CNN. Cette recherche illustre également l'impact tangible sur l'économie, comme en témoigne ce tweet mensonger annonçant une explosion à la Maison-Blanche et entrainant une chute du marché boursier, causant une perte de plus de 130 milliards de dollars.

🔍 Vérifier l'information : une méthode en quatre étapes

  1. Examiner la source : Il est essentiel de rechercher des indicateurs de la fiabilité de la source, comme son histoire, sa mission, ses valeurs, et sa réputation dans le temps. Les médias reconnus et les agences de presse comme l'Agence France Presse (AFP) ou France Télévisions, ainsi que les organismes dédiés à la vérification des faits, offrent habituellement un contenu de confiance. La transparence d'une source sur ses méthodes de collecte est un bon indicateur de fiabilité.
  2. Croiser les données : Ne vous reposez jamais sur une seule source. La désinformation peut se répandre à une vitesse vertigineuse, parfois reprise même par des sources normalement considérées comme fiables. Recherchez des reportages sur le même sujet mais issus de différentes sources, de préférence offrant des perspectives variées. Cela vous aidera à construire une compréhension plus complète et nuancée.
  3. Analyser le contenu : Les fake news sont souvent présentées avec des titres accrocheurs ou des images provocantes pour capturer l'attention. Prenez du recul et interrogez-vous sur l'équilibre et la factualité de la présentation de tous les côtés d'une histoire.
  4. Vérification technique : Des services comme la recherche inversée d'images de Google permettent de tracer l'origine d'une image, tandis que des logiciels spécialisés peuvent détecter les signes de manipulation dans les vidéos.

👮🏼‍♀️ Les acteurs dans la lutte contre la désinformation

Combattre la désinformation est une tâche collective impliquant gouvernements, organisations internationales, entreprises technologiques, et médias. Par exemple, la Commission européenne a engagé des plateformes de médias sociaux telles que Facebook et Twitter dans un effort pour améliorer la transparence et réduire la diffusion de fausses informations. Ces plateformes ont commencé à appliquer des mesures telles que le marquage des éléments vérifiés et la mise en avant de sources fiables pour aider les utilisateurs à naviguer dans le paysage complexe de l'information en ligne. De même, les entreprises technologiques comme Google ont développé des outils et des algorithmes pour identifier et limiter la portée du contenu douteux. Aussi, le gouvernement français s'est emparé du sujet, avec une loi en préparation,

Les médias traditionnels jouent également un rôle essentiel dans la lutte contre la désinformation, en maintenant des standards élevés de journalisme et en fournissant une vérification des faits. Des agences comme l'AFP et des initiatives comme l'International Fact-Checking Network offrent des ressources précieuses pour discerner les faits des fictions.

Par ailleurs, des campagnes d'éducation publique et des programmes scolaires à travers l'Europe et dans le monde ont été mis en place pour enseigner aux citoyens, dès le plus jeune âge, comment évaluer l'information et développer un esprit critique. Ces efforts d'éducation sont vitaux pour préparer les individus à naviguer de manière autonome dans l'environnement numérique saturé d'informations de notre époque.

⚖️ Vers un avenir informé et critique

L'impact de la désinformation et des fake news ne se limite pas à la sphère numérique ; il se répercute sur la politique, l'économie, et la société dans son ensemble, influençant des événements majeurs comme les élections et les mouvements sociaux. Dans ce contexte, la capacité à vérifier l'information et à distinguer les sources fiables des manipulations devient une compétence essentielle pour tous les citoyens.

Le scientifique Sinan Aral propose plusieurs approches pour contrer cette diffusion fulgurante des fausses nouvelles, en mentionnant par exemple la possibilité d’ « interventions comportementales ». Il suggère, par exemple, d'adopter une stratégie de labellisation des sources d'information similaire à celle des étiquettes nutritionnelles sur les produits alimentaires.

Autre initiative : l'agence créative, Dysturb et son initiative pour une éducation aux médias et à l'information (dont le slogan n'est autre que « In News We Trust ») a adopté comme levier d'action la performance urbaine : « La rue est devenue un espace idéal pour l'information : nous activons l'espace public avec des témoignages visuels et des informations vérifiées afin de toucher un large public diversifié et susciter son engagement. ». Dysturb donne ainsi aux individus les clés pour déchiffrer l'information, développer et exercer leur esprit critique. Dans ce contexte, il lance la campagne print ANTI FAKE NEWS CLUB et le hashtag #antifakenewsclub.

La campagne ANTI FAKE NEWS CLUB de l'agence Dysturb

La culture du fact-checking

Pour renforcer cette capacité, il est important de continuer à développer des dispositifs technologiques avancés, mais aussi de promouvoir une culture de "fact-checking" et d'investigation. Les citoyens doivent être encouragés à poser des questions, à rechercher activement des sources multiples et à s'engager dans des discussions constructives sur l'information qu'ils consomment.

L'exposition massive des Européens à des informations trompeuses ou fabriquées de toutes pièces constitue un défi majeur pour l’Europe. La Commission européenne met en œuvre un ensemble d’actions pour lutter contre leur propagation et leur impact notamment l'initiative de "fact-checking" : les Décodeurs de l'Europe. Vous pouvez accéder à d'autres outils etressources dans la section Pour approfondir de l'agence Dysturb : Sites de vérification d’information et de désinfox, chaînes Youtube, outils pratiques, outils liés à la vérification de photographie et de vidéo...

L'OSINT : Un atout crucial

L'OSINT, ou Open Source Intelligence, désigne le renseignement obtenu à partir de sources d'information publiques. En exploitant ces ressources, les chercheurs en sécurité et les journalistes peuvent recueillir des preuves, tracer l'origine d'une campagne de désinformation et comprendre les tactiques employées par les acteurs malveillants pour manipuler l'opinion publique. Cette méthode est devenue un instrument inestimable en cybersécurité et sert à plusieurs fins :

  1. Identifier rapidement les nouvelles tendances et les schémas de diffusion de fausses informations.
  2. Démasquer les réseaux et comptes impliqués.
  3. Vérifier l'authenticité des contenus diffusés en ligne, qu'il s'agisse de textes, d'images ou de vidéos. Par exemple, l'analyse géospatiale avec la carte Geoconfirmed peut confirmer ou infirmer l'emplacement où elles ont été prises, tandis que l'analyse des métadonnées peut révéler des indices sur l'origine d'un document.

En intégrant les techniques d'OSINT dans leurs stratégies d'examen, les acteurs engagés dans la lutte contre la désinformation peuvent améliorer significativement leur capacité à démêler le vrai du faux. On peut citer Bellingcat, un groupe international indépendant de chercheurs, d'enquêteurs et de journalistes citoyens utilisant à la fois : enquêtes 'open source' et réseaux sociaux, pour sonder une variété de sujets. Cela renforce non seulement la sécurité du cyberespace, mais contribue également à une société mieux informée et plus résiliente face aux menaces de la désinformation.

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